Amour, Sexe et Spiritualité
Un tiers de siècle après la grande
“révolution sexuelle” des années 68, beaucoup de nos contemporains
continuent de se sentir frustrés, insatisfaits, persuadés de passer à
côté de l’essentiel. Si bien qu’un nombre croissant d’entre eux
s’ouvrent à une approche spirituelle de la sexualité, cela est juste si
la sexualité est intégrée dans sa plénitude et que le socle soit la
relation pas l'individualité.
L'union serait là où l'homme et la femme ne séparent plus le sexe de
l’amour et, ne limitant plus la jouissance à sa seule dimension
pulsionnelle, ils voient au contraire en elle le plus bel outil
spirituel.
Inversement, si l’Amour est pour la plupart des spiritualités la
question centrale de l’existence humaine, comment ne pas admettre que
la mise en acte de ce mot très énigmatique trouve son plus bel atelier
dans la relation sexuelle.
Pourquoi tant de souffrance dans nos rapports intimes ? combien de non
dit, fard de l'amour ? surtout ne pas se montrer, rester propre poli
lisse, juste assez voyou pour bander, se garder de dire ses phantasmes,
cacher; la bête, s'asseoir sur la boite de nos interdits pulsionnels
baiser dans notre tête et jouir du devoir accompli de la platitude
partagée. Où est la fougue de l' adolescence, le vertige de l' amour,
qui ose ? le risque, le tendu et le relâché, se dévoiler l âme nue près
a mourrir, la supplication et la jubilation, la concentration et
l’abandon... et comme si cette fusion elle-même, passait d’abord par la
douleur, le feu du coeur, saigner pour renoncer à vouloir, l'amour d’un
partenaire caché derrière l’horizon, papa maman à l’infini ; une danse
venant s’ancrer dans l’art de mêler le Yin et le Yang, le mâle et la
femelle, avec, au centre du temple, le pénis et la vulve,jaillir,
accueillir, le seul endroit où l' humain crée la vie lorsqu’ils
s’unissent, pourquoi l'Être ne s’éveille-t-il pas ?
L’une des plus grandes évolutions
intérieures opérées par l évolution humaine serait de réaliser; notre
potentiel d' amour promis par toutes les traditions. Peut être ne
sommes nous pas si loin que nous le pensons, au temps des romains les
parents avaient droit de vie ou de mort sur leurs enfants. De nos jours
l' expression autorisée; est "l enfant roi".
Il y a 2000 ans le Christ disait "je suis celui qui est". À travers le
temps la révélation que l’accomplissement de l' humain ne peut se faire
tant que les limitations relatives à la sexualité n’ont pas cédées. La
montée de l énergie et le rayonnement du coeur ne peuvent avoir lieu
que dans un corps/esprit où toute dualité est disséminée dans l’espace
par l’ouverture du coeur. Et le coeur, c’est aimer quand l' autre part
c'est accepter son non avec l ouverture du laisser être surtout si cela
nous fait mal. L’onde partie du coeur qui ouvre toutes les portes et
permet de retrouver l’état extatique qui a toujours été en nous.
Tout commence par la pornéia, l’amour
du bébé qui “dévore” le sein de sa mère. Puis l’amour nourriture
s’allège en amour érotique, qui donne des ailes à la gourmandise
infantile, lui évitant de s’alourdir en voracité. Mais éros, malgré ses
ailes, vit encore dans le manque et prête donc un flanc à la
complaisance. Alors vient l’amour philanthropique, philia, qui est
plein, apaisé, et relie les vrais amis dans un partage égal. Mais la
voie amoureuse ne s’arrête pas là : philia elle-même quitte le plan de
la simple amitié pour s’élèver plus haut encore, là où règne l’amour
inconditionnel, l’agapé qui émerge quand on ne cherche plus l’amour,
mais qu’on est capable de le donner, pour rien, dans une gratuité
absolue. C’est la capacité de rencontrer une altérité. On sait que
l’humain est androgyne, il pourrait être heureux tout seul. Mais si
l’on revient au texte biblique, émerge une anthropologie où “il n’est
pas bon que l’homme soit heureux seul”. Comme si, pour passer de l’état
d’objet à celui de sujet, il fallait passer par la relation avec
l’autre. Le mot amour devient le mot alliance. Une alliance entre deux
libertés, entre deux sujets qui s’inclinent l’un devant l’autre. On
n’est plus dans un registre de la complémentarité. L’autre n’est pas là
pour combler le manque. Ce sont deux sujets. Et dans la relation entre
ces deux libertés se révèle quelque chose de divin. Ce n’est pas un
amour de dépendance, ni un amour de séduction, c’est une alliance qui
porte du fruit. Le fruit peut être un enfant, mais aussi une œuvre ou
bien le plaisir ! La communion qui parfois traverse une salle de
spectacle ou un frisson nerveux semble courir le long de l' épine
dorsale cela aussi est l' amour en action et dans tous les cas, c’est
une façon de mettre unité au monde. Au cœur de la relation elle-même se
révèle quelque chose de l’être entier.” Vous pouvez en parler avec
toutes sortes d’experts, artistes ou thérapeutes, dont le travail est
axé sur l’amour et le sexe dans leur rapport à la spiritualité. Pour
pénétrer le coeur de ce triangle magique chacun vous le dira à sa façon
, l’équation principale s’avère la plus simple : vivre = aimer.
Peut-être parce qu’aimer réunit au plus près l’âme, l’esprit et le
corps, et représente le seul chemin de l’incarnation. Un amour
désincarné signifierait-il quelque chose ?
Catherine Bensaid et Jean Yves Leloup Qui aime quand je t'aime.
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